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La farandole gourmande du Périgord (2ème partie) |
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«De
Vigne en Bouche La Gazette des Œnophiles», se fait
un devoir de relater quelques extraits du précieux
livre. «Science de Gueule en Périgord» que m ‘a
dédicacé son auteur (Georges Rocal). Je le cite
: «Ce serait une erreur de croire qu’en Périgord
on sut, toujours et dans tous nos villages, cuisiner.
La paysannerie n’en eût pas les moyens pendant des
siècles. Elle fut condamnée à se nourrir de choux
rouges, de châtaignes, de raves, de fruits; à boire
piquette et eau fadasse. La paysannerie, privée des
droits de chasse et de pêche, ne disposait point de
l’élevage intégral de la basse-cour pour améliorer
son régime». |
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Tout
le monde connaît la phrase de Montaigne : «La
France est comme une oye bien grasse: tant plus on
la plume, tant plus elle donne de duvet». En
1576, alors que Montaigne rédigeait ses Essais en
la tour de sa «Librairie» ; que Brantôme notait
ses souvenirs galants au château de Richemont, le
Béarnais, ce bon roi Henri IV, accepté par la France
comme pacificateur des querelles intestines et des
passions religieuses améliora la vie des humbles paysans
en décrétant la fameuse «poule au pot» dominicale.
Ainsi la tenace paysannerie Périgourdine conquit peu
à peu son indépendance sociale et sa renommée culinaire.
Ce n’est pas ici l’endroit dans cette chronique savoureuse
pour faire un exposé complet de la cuisine du Périgord.
Sa réputation est ancienne et les grands de ce monde
ont toujours aimé confier leurs fourneaux à des Périgourdins.
Frédéric II qui ne buvait que du Monbazillac, avait
une estime particulière pour son chef André Noël né
à Périgueux en 1726. Au congrès de vienne, Talleyrand
a sauvé la France par sa diplomatie… et les repas
qu’il offrait aux plénipotentiaires alliés, repas
préparés par le grand Carême et son aide Michelet,
ce dernier originaire de la Dordogne.
Les
plats cuisinés abondent en Périgord et constituent
la véritable caractéristique et la farandole gourmande
de toute la cuisine locale. La poule farcie et sa
farce noire (la volaille ayant été saignée sur le
pain qui servira à confectionner la farce); la vénérable
daube, le foie gras aux échalotes ; la fameuse omelette
aux truffes fraîches ; la tourtière! le triomphe
des cuisinières périgourdines (poulet en sauce aux
salsifis, présenté dans un pâté de croûte). Après
tout un chantier culinaire, combien de fois n’ai-je
pas entendu cet impératif commandement cette douce
invitation : Allez à table! Mangez çà va être froid!
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Je
me souviens aussi de ce «chabrol» que j’ai pratiqué
comme les solides gens du terroir et que l’on retrouve
sur les cartes postales, lequel a inspiré tous nos
poètes locaux, Lafon- Labatut, Robert Benoit, Méry
de Bergerac, etc. Cette coutume (peu gracieuse diront
les snobs) consiste, la soupe presque terminée, par
boire un mélange savamment dosé de vin et de bouillon.
La chaleur du bouillon y exalte les arômes du vin
et dispose favorablement les convives pour le reste
du repas.
S’il
y a dans mon beau Périgord une trilogie cèpes truffe
foie gras, il y a aussi les noix. La Dordogne est
le premier département français producteur de noix.
La noix dorée se fond dans les bruns de l’automne.
La noix est venue de l’Orient et elle se plait dans
le Sud-Ouest sa patrie d’adoption. Si le noyer pousse
dans toutes les régions de France, la Dordogne est
sa terre de prédilection. |
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C’est
le fruit qui tombe du ciel à la Toussaint, du haut
des noyers. Il y a des noyers depuis des siècles et
ils fournissent un bois recherché. Dès l’Antiquité
à Rome, la noix, que les Romains appelaient nux, symbolisait
le mariage, par l’union ferme de ses deux coques soudées,
et la fécondité comme tout fruit-graine. Il existe
plusieurs variétés de noix, la plus courante est la
corne, à la forme oblongue, au noyau dur. Elle est
appréciée pour son amande blonde au goût délicat.
La marbot a une coque qui s’arrondit et se casse plus
facilement. On trouve la noix sur les marchés locaux
en automne. La fabrication de l’huile de noix est
un secret de famille. Les diététiciens lui reconnaissent
un atout supplémentaire ; elle ne donne pas de cholestérol. |
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L’ail… ce bienfaiteur du
cœur!
«L’ail, cru ou en assaisonnement,
sature tout le corps de chaleur».
Frédéric Mistral. |
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Combien
de fois ai-je entendu avec plaisir l’éloge de l’ail,
redoutable concurrent des médecins. La paysannerie
française l’appel «le médecin des pauvres». Il est
souvent répété que la meilleure façon pour vivre vieux
est vivre longtemps… mais pour vivre longtemps, il
faut manger de l’ail. N’empêche que les anciens n’avaient
pas de souffle au cœur et vivaient très vieux. Je
sais, ils empestaient un peu, beaucoup, même, mais
ils étaient costauds, solides, de bonne humeur et
ils avaient bon cœur! C’est que l’ail, ils en mettaient
partout et tout le temps ! Mes grands- mères en mettaient
dans le gigot, dans les patates, sur les cèpes, dans
l’omelette campagnarde, dans le rôti de porc, sur
croûton de pain , etc. Que voulez-vous c’est de famille
c’est aussi la coutume en Périgord. N’oublions pas
quelques vertus de l’ail: manger de l’ail et chasser
la mauvaise bronchite, l’ail dilate les vaisseaux,
le sang circule mieux. L’ail ne m’a jamais empêché
de déguster… Enfin songeons à toutes les conquêtes
galantes du bon roi Henri IV grâce à l’ail… ou malgré
l’ail.
Les
pays bordant la Méditerranée, grands mangeurs d’ail
ont une population vivant plus longtemps que les gens
du Nord. Et puis un œnophile gourmand, gascon qui
ne mangerait pas d’ail, aussi bien se mettre au pain
sec et à l’eau. Dans ces terrains pauvres, tout prend
une saveur plus prononcée, qu’il s’agisse de volailles,
de gibier, de moutons de champignons, d’escargots…
goût du terroir, goût de «sauvage» qui imprime à
la cuisine ce je ne sais quoi qu’on ne trouve pas
ailleurs.
Dans
un monde qui, à l’évidence, s’exténue et se déflore
dans la poursuite du matérialiste et de la consommation,
les joies simples, les rencontres humaines avec Les
plaisirs de l’esprit et de l’âme, le rêve et le vrai
bonheur intérieur paraissent plus essentiels que jamais.
Voilà, comme vous le constater, balades et séjours
de charme dans les 4 Périgord passe par le vignoble
de Bergerac. Sur 470 appellations d’origine contrôlée
viticoles existantes en France, 13 sont situées dans
le vignoble de Bergerac.
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«Le vin est à la table, ce que la fleur est au jardin».
(Docteur Tant) |
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En
rouge :
De Conti, La Truffière Bergerac
2005, code : 10846000 / prix 12,60 $.
Cépages 90 % Merlot – 10 % Malbec
Joli vin d’une robe brillante, d’un rouge profond.
Au nez de cerise noire et de sous-bois.
En bouche ample et assez soutenu en finale
Conseil de l’œnophile :
Voilà une merveilleuse cuvée de Bergerac pour un bon
rapport qualité-prix, un vrai régal un vin de plaisir,
gouleyant avec de la sève et du fruit. Disponible
dans l’ensemble du réseau. Le compagnon de tout un
repas fin. Température de service 15-16 degrés.
Amis œnophiles, au titre d’humble et Grand consul
de la Vinée de Bergerac, je vous rappelle que le vin
de Bergerac :
«C’est dans la bouteille
que le vin est logé,
c’est dans le verre qu’il est admiré
et c’est dans le palais qu’il est fêté!»
Ce
soir à table, nous serons trois; la bouteille de Bergerac,
Claire mon épouse et moi. |
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Jean-Claude
Denogens
Officier du Mérite Agricole (France)
Grand Consul de la Vinée de Bergerac |
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